Je commence enfin le premier article d’une longue série destinée à vous présenter  un certain nombre de créateurs et créatrices. Mon premier rendez-vous a lieu à Foix chez Cécile Bouyge qui se définit comme potière-céramiste.

Avant de devenir artisane d’art, elle était cadre dans un grand groupe industriel français et elle avait fait le tour de son métier exercé une douzaine d’années. « J’ai décidé de me lancer dans la création et de la fabrication concrète » me dit-elle.

Effectivement, Cécile avait besoin d’un métier lui donnant plus de sens, de concret et c’est donc tout naturellement qu’elle se dirige vers un métier d’art. Au fil de l’eau elle découvre la matière terre en la pratiquant comme loisirs au départ et l’envie ensuite d’en faire son métier.

Pourquoi cette matière plutôt qu’une autre ?

A la question du choix de cette matière plutôt qu’une autre, Cécile répond très naturellement.

« Le plaisir charnel au toucher et la transformation de l’argile sont assez incroyables. L’argile humide est plastique et malléable. En séchant, l’argile durcit et devient dure. Je peux humidifier de nouveau l’argile et la retravailler ensuite…. quand elle est à bonne consistance…  puis la laisser sécher à nouveau …et ainsi de suite. Il n’y a pas de gâchis, il faut juste être patient entre les étapes…. Tout argile est à nouveau réutilisable (matériau recyclable). Ce processus n’est plus possible lorsqu’une cuisson des pièces a été faite. A ce moment-là, l’argile s’est transformée en « céramique » pour tout le reste du temps en une pièce qui va traverser les siècles (on retrouve effectivement des poteries très anciennes….). La cuisson fait que cet argile se transforme en céramique, il y a une sorte de cap qui transforme la matière. Donc, c’est assez passionnant de voir cette transformation physique de la matière qui peut générer des surprises avec la fabrication des émaux.»

Comment as-tu appris la poterie, la céramique ?

Cécile a suivi différentes étapes pour appréhender et se « frotter » à la matière. La richesse et la coïncidence des rencontres peuvent effectivement conforter et accélérer votre reconversion vers un métier d’art. Les échanges humains, l’envie et l’art de transmettre sont aussi importants.

« j’ai fait une semaine de stage pour faire des pièces raku ce qui m’a permis de voir tout le processus de fabrication d’une pièce et après, je suis partie en formation chez un couple de potiers pendant 6 mois où j’habitais chez eux. En échange, j’intervenais dans leur petit atelier de fabrication, je les aidais sur les marchés. Je m’occupais également de leurs enfants et c’était ça le deal. Ainsi, ils m’ont transmis le tournage et j’ai donc appris à tourner avec eux. »

Cette période de 6 mois s’est passée en Dordogne.

« Ensuite, je me suis formée au CNIFOP (Centre international de formation aux métiers d’art et de la céramique) pour apprendre à fabriquer des émaux. Cela m’a permis de voir, une fois le travail et le tournage sur la terre acquis, la technique des émaux et de fabriquer les émaux à partir de matière première »

Quelles sont tes sources d’inspiration particulière ?

« J’ai en stock tout un tas d’idées, de choses que j’ai apprises que je voudrais refaire et que je n’ai pas encore eu le temps de refaire. Il y a effectivement ce que je vis au fil de l’eau, ça peut être ce que je visite, ce que je vois comme peinture ou paysage. J’ai les inspirations qui me viennent parfois quand je travaille sur une pièce. Des formes que je peux tourner m’inspirent d’autres choses et l’objet qui commence à se construire tout doucement dans la tête donc mes sources d’inspiration sont diverses et variées »

As-tu rencontré des contraintes particulières ?

« La contrainte principale est le temps (éclat de rire) parce qu’en céramique tu as des étapes à respecter de séchage, de fabrication qui ne peuvent pas aller aussi vite que ce tu aurais pensé ! tu es soumis à prendre la vie telle qu’elle est au fur à mesure. Tu as une idée alors tu ne peux pas la mettre en œuvre comme ça le lendemain. »

« Moi j’ai fait le choix d’un métier passion donc je peux voir le résultat de mon travail. Le fait de travailler la terre me permet de voir le résultat concret tout de suite provenant de mes mains. Dans ce métier, il y a  tout l’aspect vente qui prend du temps : tenir des stands le weekend, pendant l’été les vacances, … on peut le voir comme une contrainte mais c’est quand même un grand plaisir de voir dans l’ œil des gens en face de son stand une étincelle dans les yeux quand il voit mes pièces. Il y a quelque chose de tellement fort par rapport à ce que j’ai fait et qu’ils aiment également. Il y a quand même une certaine liberté à exercer quand on veut. Il y a un certain montant à investir dans le matériel comme le four.»

Tes aspirations, tes envies dans un futur proche ou éloigné

« j’aimerais avoir des échanges pérennes avec des collègues de poterie comme je peux le faire avec Poda céramique parce que je pense qu’on a beaucoup à apprendre les uns des autres et que cela permet d’avoir une émulation, une spirale positive dans l’inspiration. Lorsqu’on travaille dans la même matière quelque part on a une même sensibilité même si le résultat du travail peut-être différent. Il y a quand même quelque chose qui nous relie à la terre de toute façon à travers ce média qu’est la terre, il y a quelque chose de possible à construire sur la durée et à faire partager ce savoir sur la terre.»

« J’aimerais organiser des expo, rendre un peu plus visible le travail de la terre. Après je n’ai pas envie de croître, de devenir une entreprise artisanale car je veux garder le côté artisan en solo unique qui met son cœur dans la production, qui ne standardise pas. J’ai envie de privilégier le fait que chaque pièce soit passée entre mes mains plusieurs fois et que les pièces que les gens achètent soient le résultat de mon travail. C’est ça qui compte pour moi ! »

La transmission du savoir-faire

« En ce qui concerne la transmission du savoir, je suis ouverte à cela mais pour l’instant c’est encore trop tôt mais on acquiert tellement de détails de finesse dans le processus que c’est important de le partager effectivement avec quelqu’un qui vient un peu s’imbiber de l’ambiance de l’atelier, c’est plein de petits détails comme à moi on les a transmis et j’aimerais aussi le transmettre à quelqu’un comme une sorte de chaîne. Maintenant je ne suis pas encore assez disponible pour pouvoir transmettre à un apprenti de façon un peu plus détachée. Je pense qu’il faut avoir suffisamment creuser son travail pour pouvoir après retransmettre pour pouvoir obtenir quelque chose de l’autre.»

« En ce qui concerne le public, je vais commencer à donner des cours de tournage bientôt aux particuliers. »

Découvrez son site www.ceramiquelapapoterie.fr 

et sa présentation sur l’Escale des créateurs La Papoterie

Ci-dessous c’est ton passage un peu technique 😉

« Je réalise mes émaux à partir de matière première ce qui permet d’avoir une gamme de couleur qui m’est propre. J’utilise des matières premières qui sont le feldspath , le kaolin, le talc, la silice, … dans différentes proportions. Ces ajustements de proportions permettent d’obtenir toutes les particularités techniques de l’émail : par exemple un émail qui est brillant ou qui est mat, un email qui coule ou ne coule pas….  qui tressaille ou ne tressaille pas…. 

Je peux le décider à l’avance  (enfin après de nombreux essais et prise de notes après chaque cuisson pour étudier les résultats) et ensuite je vais rajouter différents autre composants dont des oxydes métalliques qui vont me permettent d’avoir une déclinaison de différentes couleurs, et donc une palette de couleurs qu’on ne retrouvera pas ailleurs. En rajoutant de l’oxyde de fer,  je peux obtenir du rouge ou du jaune. En utilisant du cobalt, je peux obtenir du bleu et ainsi de suite pour obtenir des émaux qui peuvent aller du bleu ciel, un vert, du rouge, du jaune voir même un noir profond ou même du blanc . Cette gamme de couleurs qui n’est pas issue d’une fabrication standardisée a ses particularités et ne se retrouvera pas chez un autre potier.»

 Nader



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